Ce site est né de plusieurs réflexions. D'une part, publier mes albums sur Facebook n'était plus en cohérence avec mes valeurs écologiques et éthiques. À l'heure où des centrales à charbon sont ouvertes pour faire tourner les data-centers des GAFAs, prêts à tout pour analyser les données de la planète entière, il devenait urgent pour moi de pouvoir partager mes photos différemment. Par ailleurs, alors que Facebook cantonnait la diffusion de ces photos à mes proches ce site me permet désormais de les proposer à tou.te.s. Ce site low-tech a été conçu de manière à montrer mes photos dans de bonnes conditions de visionnage tout en étant léger, peu consommateur d'énergie, et open-source.
Je commence à faire des photos argentiques en 2012 avec le vieux Pentax de ma mère. Au-delà d'une simple technique, c'est aussi pour moi une façon différente d'aborder la prise de vue. Avec moins d'essais possibles et pas de retour immédiat sur la photo, il s'agit d'être davantage consciente et plus attentive au moment d'appuyer sur le déclencheur. Dans un monde où tout va plus vite, l'argentique force à ralentir. En 2018, je me forme au Centre Verdier à Paris pour approfondir la technique de prise de vue, mais également pour apprendre à développer et à tirer mes photos. Cela rejoint une démarche low-tech dans laquelle l'humain s'épanouit dans la compréhension et la maîtrise d'un sujet de bout en bout, en ne laissant pas de place à l'ignorance technologique induite par le numérique.
J'utilise un boîtier Nikon F1 et un FM3A. Je choisis la plupart du temps un objectif de 50mm ouvrant à 1:2. Pour les photos en couleur, le développement est réalisé en laboratoire tandis que certaines photos N&B ont été développées au Centre Verdier.
Les low-techs sont des technologies qui composent une philosophie dans l'ère du temps. Pour répondre aux nombreux enjeux posés par les high-tech (consommation d'énergie insoutenable, extraction des terres et métaux rares, pollutions, conditions de travail catastrophiques, contingence, dépendances géopolitiques et psychologiques... ), les low-techs proposent de développer des technologies qui répondent aux besoins humains selon 3 critères : # elles doivent être durables : fabriquées avec des ressources renouvelables, elles consomment le moins d'énergie possible et cette dernière doit être d'origine renouvelable. Leur cycle de vie doit être réfléchi en amont de bout en bout : l'obsolescence programmée est bien entendu hors sujet, et le réemploi ou la revalorisation sont de mise. # elles doivent être accessibles : elles sont autoconstructibles et réparables par les autres. Cela implique que l'on puisse jeter un coup d'oeil sous le capot sans compromettre leur utilisation, et qu'en un temps relativement court, chacun d'entre nous puisse être capable d'acquérir les compétences pour les mettre sur pied. Leur éventuel prix doit toujours refléter leur valeur intrinsèque. # elles doivent être adaptées : elles répondent toujours à un besoin réel, et de manière efficace. Elles ne doivent pas être aliénantes dans leur utilisation et respectent l'intégrité de chacun.e. Sur le modèle décrit par Low-tech Magazine, des sites web développés dans une démarche plus low-tech sont en train d'émerger. En pratique, comment on fait ? * Un amour de serveur : photo-palourde est hébergé en Belgique sur des serveurs mutualisés mis à disposition par all2all, une association à but non lucratif. Une charte stricte est suivie tant sur le point de vue éthique qu'écologique. Entre autres, leurs serveurs sont alimentés par de l'électricité renouvelable, ils tournent sur une distribution de Linux open-source et la protection des données est primordiale. * Un site poids plume : faire un site web low-tech, ça veut bien sûr dire faire léger. Aujourd'hui, une page web pèse en moyenne 3Mo, et les chiffres sont à la hausse. Les grandes vitesses de connexions dont nous profitons ont abolit toute limite de taille. Photo-palourde est developpé de manière minimaliste afin de peser le moins lourd possible. Adieu animations, vidéos en arrière-plan et typographies propriétaires. Ce site est statique, n'utilise aucune police spéciale ni aucune animation, ce qui le rend très léger et peu énergivore. En plus d'être écologique, cela le rend accessible depuis des appareils anciens par ailleurs incapables d'ouvrir des sites web récents. * Photos pas lourdes : après les vidéos, ce qui pèse le plus lourd sur internet, c'est les images. Pas facile de monter un site de photos dans ces conditions, mais nous n'avons pas baissé les bras ! Les photos sont compressées de manière adaptée à l'affichage d'un écran d'ordinateur. En comparant des photos avec différents taux de compression, nous avons choisi le taux de compression le plus élevé sans qu'il nous soit possible de voir la différence avec une plus haute qualité. Leur taille varie ainsi entre 1 et 3Mo, au lieu de 20 à 30Mo pour les fichiers d'origine. Sur la page d'accueil, les vignettes sont compressées en utilisant un algorithme dit de dithering proposé par Low-tech Magazine : elles pèsent environ 15ko. Lorsqu'on survole les différents albums, les vignettes ne sont pas compressées mais leur taille est fortement réduite. Nous ne pré-chargeons donc pas les images lors du clic sur un album, et c'est seulement lorsque vous cliquez sur une photo qu'elle est chargée en taille réelle. * Design & thème à clic : faire un site allégé, cela voulait nécessairement dire renoncer aux thèmes tout prêts tout mignons de WordPress, souvent lourds et gourmands en ressources. Il a donc fallu repenser le design de zéro. Heureusement, une fois de plus, Low-tech Magazine était là pour aider. Des textes clairs et qui jouent sur la taille, des couleurs simples, et des images parcimonieuses. La version mobile est en cours de fabrication. * Open-source : le site et son gestionnaire de contenu ont été développés de zéro en utilisant python. Tout le site est disponible sur [github](https://github.com/MartinBaron/catadioptre), pour que vous puissiez le réutiliser et l'adapter à vos besoins.